Après un super WE et trois super plongées Homo palmus m’a raccompagné dans le train de nuit qui devait me ramener dans mon Alsace. Départ à 21h11 pour une arrivée prévue à 8H35.
Je monte dans le train, trouve mon compartiment qui est déjà occupé par trois autres femmes et mon sac aura beaucoup de mal à trouver sa place debout, derrière l’échelle. Ma couchette est craquelée et ça pu dans le compartiment. A la gare suivante, deux autres femmes avec des valises entrent dans le compartiment. L’une pose sa grosse valide sur mon sac, juste au dessus de là où j’ai rangé mon caisson , elle ne prend pas beaucoup de précautions et je lui fais quand même une remarque en lui disant que c’est du matériel fragile. La suivante entre avec un chaton dans une boite, chaton qui n’apprécie pas trop le départ et commence déjà à miauler.
Après un coup de fil à Vanessa, plus habituée que moi au train de nuit, je demande à changer de compartiment au contrôleur, prétextant une allergie aux chats.
Je me retrouve alors dans un compartiment, seule, ça sent moins mauvais, ma couchette est entière. Mon sac est toujours debout derrière l’échelle, mais au moins, il n’a plus de valise sur la tête.
Une demi-heure après, je suis déjà en train de piquer du nez sur mon livre après les deux supers plongées de ce matin, alors que le controleur entre dans le compartiment pour m’apporter deux voisines de compartiment, dont l’une avec une boite à chien . Ce n’est pas vraiment mieux que le chaton, mais au moins, le chien dort, dans les bras de sa maîtresse, mais en silence. C’est un chien version peluche : environ 10 cm de haut, la maîtresse trouve utile de me préciser que c’est un tekkel nain à poils longs.
Tout le monde est installé, la dernière gare du soir est passée, le silence tout relatif s’installe et moi, je pique du nez, il est l’heure pour moi de dormir.
Après une bonne nuit, nous sommes réveillés par une annonce du contrôleur. « Mesdames et Messieurs, ici votre contrôleur qui vous parle. Nous sommes arrêtés en gare de Besançon. Notre train ne peut pas repartir à cause d’une chute de rochers sur les voies entre les gares de Besançon et de Montbéliard, notre train aura un retard indéterminé ».
Il est 6h du matin, et c’est le début de la galère.
Quelques minutes plus tard, un autre message nous informe que notre train repartira avec un retard indéterminé et le contrôleur nous invite à ne pas nous éloigner du train.
La machine à café du wagon est en panne et déjà certains passagers du wagon repèrent le stand qui se trouve trois quais plus loin…Moi, j’ai encore un muffin que Homo palmus m’avait bien emballé et remis dans mon sac à dos pour le voyage . (merci Homo palmus)
Quelques longues minutes plus tard, nous entendons un message de la gare, toutes les liaisons avec Montbéliard sont coupées, notre train sera détourné par Dijon et tous les voyageurs de la gare qui veulent rejoindre Belfort, Mulhouse, Colmar, et Strasbourg sont invités à monter dans notre train . Je vous rappelle qu’il est environ 7h du matin, qu’en gare de Besançon, c’est l’heure de pointe et que nous sommes dans un train à moitié couchette.
A partir de ce moment là, ce n’est plus la galère qui continue, mais c’est l’horreur qui commence, il y a des gens assis partout, il fait chaud et il est impossible d’ouvrir les fenêtres des trains, ça pue.
Le train repart, direction Dijon, le soleil se lève, c’est au moins une bonne nouvelle, il fera beau aujourd’hui.
Il est presque 9h, nous arrivons à Dijon, encore une fois, le contrôleur nous invite à ne pas nous éloigner du train parce qu’il va repartir « dans quelques minutes ». Ma voisine de couchette en profite quand même pour faire sortir le chien …
Après presque une heure d’attente, un nouveau message, « les passagers en direction de Belfort et Mulhouse sont priés de descendre du train pour rejoindre la place de la gare pour prendre des bus. Les passagers en direction de Colmar et Strasbourg sont priés de ne pas s’éloigner du train qui va repartir ».
Il va repartir, tout le monde saisit son portable, pour prévenir de la bonne nouvelle, nous allons repartir, rapide calcul, nous devrions arriver vers 10 ou 11 heures à Strasbourg, chouette nous voyons le bout du tunnel.
Une demi-heure plus tard, le wagon est moins chargé , mais notre train est toujours en gare de Dijon , nous apprenons alors par de bruits de couloirs que des boites de pti-déj ont été chargées. Avec d’autres passagers nous partons à la recherche de ces fameuses boites.
Les petits gâteaux ressemblent beaucoup aux gâteaux du chien.
Cela fait maintenant une heure que nous sommes à l’arrêt en gare, notre ami le contrôleur, que nous ne trouvons plus dans les wagons, reprend enfin le micro pour nous donner des nouvelles. « Nous sommes en gare de Dijon (merci, on a remarqué ) le chauffeur de notre train ne peut actuellement repartir (bon, il a fait ses 8 heures, il a bien le droit de rentrer chez lui ), un nouveau chauffeur devrait arriver d’ici quelques minutes (combien 10 ou 20 ou 120 minutes ) et notre train devrait repartir en direction de Nancy » (Nancy ? )
C’est ce moment que choisit Homo palmus pour m’envoyer un sms :
D’un coup, notre train repart , nous n’avons toujours pas la confirmation de notre prochaine destination , nous attendons un message de notre bien aimé contrôleur, mais rien pas un mot, pas une info. C’est un passager du compartiment d’à coté qui nous dit que nous passerons par Nancy et que nous arriverons à Strasbourg vers 14H30 d’après ses calculs…
D’un coup, un arrêt, nous sommes à …
Ben, nous sommes au milieu de nul part, d’autres train tout rouillés nous entourent, il est 11h, nous sommes dans un cimetière de trains…
Notre train repart et ralentit à nouveau…
Nous longeons une route, alors, nous tentons de voir un panneau pour connaître notre direction, mais rien, nous ne savons toujours pas où nous sommes et où nous allons.
Un nouveau ralentissement,
Enfin, un nom de ville, tout le monde se regroupe autour de la carte de France, nous sommes un petit peu à l’ouest de Nancy, enfin une info.
Après encore quelques minutes de voyage, un petit groupe de jeunes s’est emparé du micro du wagon, il est midi et quelques et tout le monde commence à avoir un petit creux . D’un coup, le contrôleur que nous pensions mort étouffé dans les toilettes prend le micro pour nous informer que nous allons entrer en gare de Nancy, qu’un panier repas nous sera offert et que la SNCF s’excuse des désagréments qu’elle nous occasionne, mais que nos billets nous serons intégralement remboursés.
Encore une fois, on nous dit de ne pas nous éloigner du train qu’il va repartir dans quelques minutes . Après info prise auprès des petits hommes et femmes en violet, nous apprenons que notre train repartira au mieux dans une heure pour nous laisser le temps de sortir un peu et de nous dégourdir les jambes.
Effectivement, nous recevons un paquet pique-nique , il contient un pâté de volaille chaud, une petite bouteille d’eau chaude, et une petite boite de salade de lentilles . Après une courte refléxion, je décide de partir à la recherche d’un sandwich dans la galerie de la gare. Je finis par en trouver un, 4,10€ le petit sandwich, mais au moins, il est bon.
De retour sur le quai, notre train est toujours là, je pensais qu’en revenant, il aurait peut-être disparu, j’étais peut-être dans un cauchemar et j’allais peut-être me réveiller.
Je demande alors à la petite dame sur le quai si nous pouvons au moins avoir un rouleau de papier toilette, cela fait 17 heures que nous sommes dans ce train, je vous laisse imaginer l’odeur et l’état de la seule cabine de toilette du wagon. Elle me répond que ce n’est pas prévu, mais qu’elle va voir si elle peut en trouver quelques rouleaux . Comme elle paraît sympathique, je lui demande s’il est possible d’ouvrir les fenêtres. Elle me répond que c’est impossible pour des raisons de sécurité. Cela fait 17 heures que je suis dans un compartiment d’environ 6m² avec un chien qui n’a toujours pas fait son pipi.
J’explique alors à la gentille dame que cela fait 17 heures que nous sommes dans ce maudit train et que nous n’avons aucune information précise et que nous avons appris en arrivant à Nancy que effectivement nous faisions ce petit détour . D’un coup, notre très cher ami le contrôleur passe par là, il n’est pas d’accord avec moi, il affirme que nous avons été informés de toute l’évolution de notre voyage. Je lui donne ma version des choses, je ne pense que la phrase « notre train aura un retard indéterminé » soit une phrase d’information et que l’expression « notre train passera sûrement par Nancy » soit une indication de trajet claire et précise.
Après cette petite prise de bec , notre train est de nouveau annoncé au départ , il est 13H et quelques et le contrôleur nous annonce que nous avons encore environ 1h pour arriver à Strasbourg . Un jeune homme bricoleur a réussi à nous ouvrir la fenêtre du compartiment , le chien a fait un petit pipi sur un espace vert à proximité de la gare , nous avons le ventre plein mais le porte-monnaie un peu plus léger et notre train repart enfin . Nous sommes soulagés, nous voyons enfin le bout du tunnel même si quelqu’un nous annonce que normalement, Nancy Strasbourg c’est presque deux heures.
Le contrôleur passera pendant le trajet pour nous distribuer une lettre T à laquelle nous devrons joindre notre billet pour nous faire rembourser.
Un peu plus tard, après quelques minutes de calme relatif au bruit du train qui avance toujours, nous reconnaissons enfin des paysages familiers et d’un coup :
Nous sommes enfin à Strasbourg, je sors enfin mon sac de derrière son échelle, une odeur peu appétissante se dégage de mon sac , il ne faut pas oublier que j’y ai glissé, il y a environ 24heures, une combi encore humide, des gants franchement mouillés de même que des bottillons qui n’ont pas eu le temps de sécher. Je me retrouve dans le hall de gare, et je suis à la recherche d’un train pour rentrer chez moi.
Il est 15h35, nous avons 7 heures de retard sur un trajet qui devait durer normalement 12h, total 19h de train, tout ça pour un caillou qui est tombé sur les voies , caillou qui a été ramassé, et paradoxe ultime, le trafic était redevenu normal aux alentours de 13h , si nous avions attendu sagement à Besançon, nous serions à Strasbourg depuis au moins une heure…
A l’heure actuelle, je n’ai aucune nouvelle de mon remboursement, mais comme je ne suis pas revancharde, je viens de reprendre des billets de train pour dans un mois direction Grenoble.