Malgré les conditions de route qui n’étaient pas optimales ce matin, nous avons réussi à sortir de la maison. Après avoir dégagé les voitures qui étaient recouvertes de 10 bons centimètres de neige, nous avons pu circuler presque normalement.
A midi, notre décision était prise, nous irions au colloque, tout en surveillant le
ciel, en cas de chute de neige trop importante, on rentre avant la nuit.
Après une demi-heure de route assez bonne, nous étions arrivées à l’iut où devait se tenir le colloque.
En arrivant dans l’amphi malgré notre avance, toutes les places étaient déjà réservées donc nous nous sommes
retrouvés au premier rang. Franck, stratégiquement placé entre nous deux en cas de question et Thomas à ma droite pour me protéger du froid de la fenêtre et aussi et surtout pour répondre à mes
questions.
Le casting du colloque était quand même impressionnant, Pascal Bernabé qui détient un record de profondeur en plongée à -330m. Sylvain Redoutey qui est un spécialiste de la plongée sous terraine
et qui a notamment plongé à – 209m. Lucien Ciesielski qui fait partie de la commission de plongée sous terraine. Emmanuel Rolet qui est psychiatre. Georges Livet qui est instructeur national et
infirmier hyperbare. Et pour clôturer le tout, Eric Bergmann qui est médecin Hyperbare, mais il devait venir de Marseille et si on en croit les médias, ils sont ensevelis sous au moins 30 cm de
neige, donc il était annoncé avec un peu de retard et n’a pas pu venir. Espérons qu’il n’a pas trop souffert du froid qui est, rappelons-le tout de suite, un facteur aggravant des accidents de
plongée.
Assis au premier rang, nous étions stratégiquement placés derrière successivement des instructeurs nationaux, des recordmans et des instructeurs régionaux. Du coup, ce n’était pas trop discret pour poser des questions, mais on l’a fait quand même, en tentant de rester discrets.
Le colloque a commencé par une petite allocution du président du comité départemental Bernard Schittly, qui nous a adressé ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année de plongée qui commence.
La première présentation était celle de Pascal Bernabé, qui nous a exposé sa manière de gérer les risques en plongée
profonde. Il a commencé son propos en disant que ce n’est pas plus compliqué que pour une plongée classique. Il suffit de tout décupler, l’attention, la préparation et le matériel. Lui, il a mis
2 ans à préparer sa plongée du record. Il devait la faire en Catalogne au départ, mais le vent a fini par le pousser vers une baie de Corse. Il n’a pas utilisé de recycleur, il a plongé avec un détendeur comme le notre (très bon choix
) Je vous épargnerez le détail des mélanges qu’il a utilisé, c’était un peu technique pour moi. Sa plongée a duré 9 heures en tout
et malgré le fait que la mer se soit levée pendant la fin de sa plongée et que l’une de ses lampe a implosé au fond, il s’en est sorti avec un petit problème d’oreille.
L’intervenant suivant était Sylvain
Redoutey, était là pour nous parler de sa plongée à -209m. Il a lui même conçu le double recycleur qu’il a utilisé lors de cette plongée. Arrivé à -209m, il aurait pu continuer, il avait assez
d’autonomie, mais il s’était fixé seulement 40 minutes de descente alors il a fait demi tour. Par contre sa plongée s’est un peu déroulée "pas comme prévu", je ne veux pas dire mal, parce qu’il
s’en s’est brillamment sorti.
Tout a commencé quand il a fait un accident cochléo-vestibulaire à -95m, il nous a raconté que sur
le coup, il a eu de gros vertiges et qu’il s’est enroulé dans son fil d’Ariane. Ne sachant plus où était le haut du bas, il a eu l’idée de souffler par le nez pour se repérer.( les bulles montent
toujours) Il a réussi à se détacher en se disant que tant qu’il avait de l’air, il y avait de l’espoir. Mais il a
perdu 10 minutes à 95m, donc, il devait faire 3 heures de palier en plus
. Ensuite, il n’a pas pu allumer son gilet
chauffant qu’il avait endommagé lors de son premier accident. Heureusement ses plongeurs de soutien ont pu lui apporter le matériel nécessaire pour réparer. Comme il avait « consommé »
tous ses plongeurs de soutien et n’a pas pu faire de palier dans une cloche artificielle faute de quelqu’un pour l’aider à décapeler son double recycleur. En fin de plongée, en remontant, il a
commencé à avoir des douleurs dans les genoux, il a alors pris la décision de retourner à 6m où il n’avait plus de douleur, après 30 minutes, il a ré-entamer sa remonté, s’est arrêté à 5m parce
que les douleurs ont repris et comme ça, en faisant un palier de 30 minutes tous les mètres. En tout sa plongée devait durer 15 heures, mais elle a duré 21 heures
. Il a beaucoup insisté sur le fait que pour lui rien ne vaut une bonne équipe de soutien et l’expérience quand on
plonge.
Après une pause autour de quelques gâteaux et d’une quête d’un autographe de Pascal Bernabé pour Franck, nous sommes retournés dans l’amphi pour écouter la présentation d’Emmanuel Rolet qui est psychiatre et plongeur. Je vous avoue que là, je n’ai pas tout compris. En gros, les plongeurs acceptent les risques, et les plongeuses ont peur mais se cachent derrière la figure paternelle du moniteur qui les protégera des dangers. Les plongeurs fédéraux sont des guerriers et les plongeurs PADI vivent dans Disneyland, « tant qu’on ne sort pas du cadre enchanteur du parc d’attraction, on peut tout faire et on ne craint rien ». Il a cité Dubellay :
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Ensuite a suivi, la présentation de Lucien Ciesielski. Il est instructeur national de plongée souterraine qui nous a expliqué quels sont les dangers propres à ce genre de plongée quand même un peu extrême. L’une des difficultés vient surtout du fait que l’entrée dans l’eau ne se fait pas à la surface, mais qu’il faut souvent parcourir plusieurs centaines de mètres pour retrouver la couleur du ciel. Il est aussi plus compliqué de se repérer parce que toutes les galeries peuvent se ressembler. Lui aussi a insisté sur l’importance de l’expérience, mais aussi d’une bonne formation. Mais pour toutes les informations importantes, nous n'avons qu'à nous retourner vers le site internet de la fédération.
La dernière intervention était celle de Georges Livet aussi appelé Géant Vert, il est parti de la constatation suivante, beaucoup d’accidents de plongée sont dus à une noyade alors que les plongeurs avaient encore de l’air dans leur bouteille. Il a décidé de nous parler de la Panique.
Ce phénomène est à la fois psychique et physique, on ne peut pas la prévenir, elle touche tous les plongeurs, mais on devrait pouvoir la gérer. Mais, dans le contenu de formation français, on
n’en parle jamais. Selon lui, on devrait tous être sensibilisé au phénomène de panique et savoir la gérer chez un de nos partenaire.
En tant que dernier intervenant, il a eu la lourde charge de conclure le colloque. Il a eu une expression que j’ai beaucoup apprécié, alors je vais conclure cet article en reprenant ses mots : « Soyons vigilants parce que ce sont souvent nos passions qui nous font perdre la raison ».